Mirror’s Edge | Plus qu’un jeu, une allégorie.
Je sais que Mirror’s Edge n’a pas plu à tout le monde, certains passages étaient trop difficiles, la durée de vie de quelques heures est extrêmement courte. Malgré cela, je le considère, avec Valkyria Chronicles qui m’a plu pour des raisons bien différentes, comme mon jeu favori de 2008. Je ne sais pas si c’est mon passif d’étudiant de philo ou mes sens qui ont été le plus marqué par cette expérience, il m’en reste pourtant qu’une impression globale d’intelligence peu commune aux œuvres vidéoludiques s’est dégagé du titre des suédois de DICE.
Tout ici concorde à faire vivre un univers. Quand je vous parlais de ce que je pensais de Fallout 3, et mes propos allaient dans le sens inverse, pourquoi s’acharner sur la 3D, pourquoi sacrifier autant l’histoire et la longueur au profit de la beauté ? Hé bien, clairement, cela dépend des ambitions du titre. Si Mirror’s Edge n’était pas aussi beau, si les mouvements n’avaient pas été aussi bien rendus, l’expérience n’aurait jamais fonctionné.
J’écris, j’écris, mais pour ceux qui ne connaissent pas le jeu, je n’ai pas encore expliqué de quoi il s’agit. Le concept est un peu particulier, à la base, il s’agit d’un First Person Shooter, un jeu à la première personne (très bientôt, vous aurez un glossaire à disposition pour comprendre tous ces termes barbares), mais avec la particularité qu’il n’y a que très peu de scènes de combat, certains le voient comme un jeu de plateformes 3D. Et c’est vrai qu’en réalité, on se retrouve avec un hybride de jeu de course à pieds, quelques séquences d’action, principalement de la fuite, et un jeu de plateformes. On évolue dans un monde où l’on n’a jamais le temps de regarder derrière soi. Les vidéos qui suivent vous aideront à vous faire une idée plus précise du jeu.
Mirror's Edge - premier trailer
Le scénario est simple, court, et pourtant suffisant, vous êtes Faith, une « messagère », évoluant sur les sommets de la Cité, une ville devenue blanche et resplendissante, mais qui en contrepartie a succombé au tout sécuritaire. Votre sœur, membre des forces de police, découvre à ses dépens le réel fonctionnement du système puisqu’elle est emprisonnée pour un crime politique qu’elle n’a pas commis. À partir de là, vous tenterez tant bien que mal de la délivrer et commencerez à comprendre ce qui se trame pour étouffer les derniers réfractaires tels que vous.
Mirror's Edge Trailer juin 2008 Fr
Le parti pris graphique remplit bien son office en nous plongeant dans un univers blanc et aseptisé en apparence, piqué de part et d’autres de pointes de couleurs vives. Le look de Mirror’s Edge, et tout particulièrement le Downloadable Content sorti récemment sur le XboxLive de Microsoft et le Playstation Network de Sony, me rappelle le style inauguré par la feu Designer’s Republic (http://www.thedesignersrepublic.com/) avec WipEout en 1995. La bande originale du titre, composée par Solar Fields (http://www.solarfields.com/), fonctionne comme la cerise sur le gâteau en parachevant l’ambiance si particulière de ce titre.
Mirror's Edge - niveaux téléchargeables
Le contenu téléchargeable de Mirror’s Edge, centré sur la course et la performance.
WipEout, la série au design original des Designer’s Republic.
D’une certaine manière, Mirror’s Edge caresse juste un univers, et il s’y assume. Même le titre l’annonce, on est sur le fil du miroir. La Cité dans laquelle évolue Faith, l’héroïne, est vivante au loin, quelque part sous nos pas. Il serait presque tentant d’aller voir ce qui s’y passe, mais de la même manière qu’Icare se brûlait les ailes en s’approchant trop près du soleil, le sol est dangereux, sécurisé, liberticide, et ce parcours jusqu’à plus souffle des hauteurs de la ville se résume à une course perpétuelle vers l’affranchissement des contraintes. Il est vrai que si on le jugeait avec un regard plus classique, Mirror’s Edge serait un désastre, mais je le vois plus comme une allégorie contemporaine de la liberté. Dans un monde où tout est régulé et normé, où peut-on encore évoluer sans chaînes ?